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Association HAKAMA - Aikido
Le texte qui suit est une compilation d''extraits du mémoire "Shiatsu et Aikido, Union du Ki"
par Olivier DELLE CASTELLE



Toute pratique d’Aïkido quel quelle soit doit être régit par les principes suivant :
  • L’attitude / la garde,
  • L’entrée et la création du déséquilibre,
  • La conduite du déséquilibre,
  • La résolution de la technique (projection ou immobilisation),


L’attitude la garde.
          Cela est primordial dans tout Art martial. En effet bien qu’aujourd’hui toute pratique soit exempte de danger, il faut se remettre dans le contexte de l’époque où en un seul geste se décidait la vie ou la mort. Il faut donc avant chaque technique se retrouver dans une attitude physique et mentale qui permet d'être à la fois:
  • concentré sur son partenaire (armé ou non) pour pouvoir lire en lui tout début d’intention d’attaque,
  • complètement disponible et ouvert pour réagir presque par réflexe à toute situation ou sollicitation.
Mais aussi dans le même temps ne laisser entrevoir aucune ouverture physique (partie vitale découverte) ou mentale ( inattention) qui permettrait au partenaire de nous surprendre et de nous renverser.
          Il s’agit alors de réaliser une appréhension sensorielle globale de son partenaire. Il faut presque de manière intuitive capter son positionnement dans l’espace, sa respiration, son rythme cardiaque, la qualité de son regard mais sans que cela perturbe notre esprit et notre disponibilité. Il faut se faire une idée sans y attacher de l’importance, il faut avoir confiance en son intuition sans la saisir, car pour l’instant ce n’est que potentiel et tout se cristallisera au moment de l’attaque.

          Au-delà de cet aspect d’attitude et de garde avant la pratique, il y a une chose qui parait fondamentale et  qui est peut être aujourd’hui un peu dénaturé c’est le salut, ou la préparation. En effet toutes pratiques martiale commencent et finit par un salut rituel en commun et toutes techniques commencent et finit par un salut particulier  entre les protagonistes. Cela est souvent expliqué en début d’année aux débutants comme une forme de respect non religieux aux personnes ayant cheminées sur la voie avant nous. C’est une partie de l’explication qui convient très bien pour un esprit occidental débutant avide de savoir pourquoi on fait tel où tel mouvement. Il y a une symbolique beaucoup plus profonde dans le salut. Les quelques minutes de méditations et de respiration avant le salut permettent le passage d’un espace temps à un autre. En effet tout le monde arrive au dojo avec son statut social, sa journée, ses problèmes, ses peurs et ses motivations. Le salut permet l’ouverture d’une parenthèse dans cette vie pour déboucher sur un cadre défini dans l’espace (le dojo) et le temps ( la durée du court) où tout le monde refait les mêmes gestes qui ont été fait par des milliers de pratiquants durant des centaines d’années et il n’y a plus de différences entre un occidental du 21ème siècle qui fait une projection et un japonais du 17ème siècle qui fait la même. Même sueur, même fatigue, même douleur. Une fois cette prise de conscience de la force du salut réalisé cela permet d’aboutir plus facilement à cette attitude juste.

          Cette attitude créée en début de pratique doit être bien évidemment maintenu durant toute la pratique et par extension en permanence.


L’entrée et la création du déséquilibre.
          L’Aikido est un art martial pacifique qui vise à démontrer l’inutilité de l’attaque d’un agresseur tout en gardant son intégrité physique (la nôtre comme la sienne !). Il est donc très compréhensible avec un tel postulat que si l’on veuille appliquer une clef de bras par exemple, il faut créer la situation qui va faire que malgré l’intention première, l’agression, la technique puisse être appliquée sans atteindre à l’intégrité de l’agresseur au préalable. Il faut donc créer un déséquilibre pour que le partenaire ne pense plus qu’à récupérer son équilibre et oublie son intention première. Pour cela il est vital d’avoir la distance et le timing juste pour rentrer dans l’attaque, ne faire qu’un avec elle et disparaitre aux yeux du partenaire. Ainsi se crée un déséquilibre tant physique que psychologique. Physique car le partenaire à mis toute son énergie en voulant frapper une surface dure et celle-ci disparait.  Psychologique car il ne se passe pas ce à quoi il s’attendait. Une fois ce déséquilibre créé il y a matière pour un Aikidoka à développer sa technique. Il est donc primordial qu’il n’y ait pas la place d’un cheveu entre l’attaque et la technique pour arriver au déséquilibre parfait. Le pratiquant doit donc être en harmonie totale avec l’attaque et par extension avec l’attaquant.

          En Aikido une technique exécutée sur un pratiquant avec une bonne expérience est souvent plus facile « à passer » que sur un débutant. En effet un pratiquant de longue date sait pour le dire trivialement « à quelle sauce il va être mangé » et inconsciemment il anticipe la technique. L’harmonie existe dans ce cas aussi, mais elle est réciproque. Les deux pratiquants vont faire que la technique s’exécute. En revanche avec un débutant qui ne connait pas une technique il réagira purement instinctivement et le pratiquant aura plus de mal à faire celle-ci car le débutant ne réagira pas « comme prévu ». On tombe alors dans le cas de l’application d’une habitude plus que de la réaction à une situation concrète. Malheureusement, en aikido, on arrive parfois à une sorte de dressage des partenaires pour faire une jolie technique plutôt qu’à une remise en question de sa pratique.

La conduite du déséquilibre.
          Une fois le déséquilibre créé il faut le maintenir et le mener jusqu’au bout de la technique. Une seule stagnation et le partenaire reprend son équilibre ce qui signifie la sanction immédiate. En effet de retour sur ces appuis le partenaire peut facilement reprendre son attaque. Une belle image pour comprendre ce principe est la calligraphique. La moindre stagnation, le papier boit l’encre et cela fait un gros pâté. Le pinceau doit glisser d’un mouvement uniforme et harmonieux. Encore une fois, la réelle conduite du déséquilibre ne se fait que sur la perception du partenaire. On ne peut pas appliquer à chaque fois la même technique. C’est le partenaire qui va faire la technique. Il faut conduire le déséquilibre mais ne pas avoir de volonté dessus. Une maxime répandu en Aikido dit que «  c’est le partenaire qui sait où il va tomber ». Faire une technique d’Aikido c’est comme être le centre d’un cercle. Le centre ne fait pas parti du cercle, il n’intervient pas dedans, mais il le défini. Sans centre il n’y a pas de cercle, mais il n’en fait pas partie.


La résolution de la technique (projection ou immobilisation).
          En combat réel à main nue la technique martiale vise à mettre hors d’état de nuire l’attaquant. Cela consiste donc soit à rendre inutilisable un bras ou une jambe (douleur ou fracture), soit en faisant perdre connaissance l’attaquant soit en le tuant. Pour se faire la technique doit donc déboucher soit sur une projection sur une surface dure, soit une mise en tension une articulation jusqu’au point de rupture.
Bien évident pour un Do comme l’aïkido et surtout dans le cadre d’un entrainement sans blessure, la pratique ne peut pas aller jusqu’à ces extrémités. C’est pour cela que les pratiquants apprennent à chuter pour garder leur intégrité lors des projections et les contorsions articulaires s’arrêtent au stade de l’immobilisation (le partenaire tape alors sur le sol pour indiquer sa douleur).
  

La Pratique